Qu’est-ce que la dyspepsie ?
La dyspepsie, rappelle le Docteur Maryline Salvetat, médecin généraliste, est une maladie qui se définit par la persistance pendant plus d’un mois d’un ou plusieurs des symptômes suivants : des douleurs ou brûlures au creux de l’estomac avec parfois une sensation de plénitude après le repas, une impression d’être rassasié rapidement, une incapacité de manger un repas normal. D’autres symptômes gastro-intestinaux sont synonymes de dyspepsie, comme des éructations, des ballonnements, des nausées, des vomissements, des douleurs ou ressentis de pesanteur… globalement la sensation de digérer difficilement. Il faut distinguer une dyspepsie organique, qui dépend d’une pathologie organique identifiée (1/3 des cas), et une dyspepsie fonctionnelle sans lésion organique (2/3 des cas). La dyspepsie peut avoir des répercussions importantes sur la qualité de vie des patients.
Les chiffres de la dyspepsie
À ce jour, aucune donnée précise ne permet d’évaluer la prévalence de la dyspepsie dans la population générale française. Toutefois, des recherches menées dans les pays de l’OCDE estiment que ce syndrome affecte la santé pour 10 et 30 % des adultes.
Dans environ 10 % des cas, la dyspepsie fonctionnelle apparaît après une gastro-entérite d’origine infectieuse. Parmi les facteurs de risque identifiés : la présence de la bactérie Helicobacter pylori, la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ou d’opioïdes, l’âge avancé et le sexe féminin.
Les causes des troubles digestifs fonctionnels
La dyspepsie, ou digestion difficile, est un syndrome qui peut avoir de multiples origines, à la fois gastriques, intestinales et fonctionnelles, explique le Docteur Jean-Michel Morel, médecin généraliste.
Les troubles digestifs au niveau gastrique
L’inconfort peut résulter parfois d’un ralentissement de la vidange de l’estomac ou d’une capacité réduite à se distendre, expliquant une sensation de satiété précoce. Une inflammation gastrique ou une hypersensibilité à certains aliments, qu’ils soient gras, acides ou simplement mal tolérés comme les produits contenant du lactose, peuvent également être en cause. Des antécédents de gastro-entérite, la présence de la bactérie Helicobacter pylori, ou la prise de certains médicaments peuvent aussi être des déclencheurs des symptômes de dyspepsie.
Les troubles digestifs au niveau intestinal
La dysbiose, qui est un déséquilibre du microbiote, joue un rôle clé, affectant la perméabilité de la paroi intestinale, qui devient moins efficace pour se défendre contre les substances étrangères et les agents pathogènes. Chez certains patients, le stress chronique est un facteur aggravant majeur, perturbant les sécrétions digestives et la motricité intestinale. Ce lien s’explique en partie par la richesse en neurones du système digestif, souvent qualifié de « deuxième cerveau ».
De manière générale, des éléments aggravants comme le tabac, l’alcool, les repas trop riches, les épices en excès ou encore les produits ultra-transformés sont connus pour perturber l’équilibre digestif et favoriser la dyspepsie. La grossesse, en modifiant la physiologie, peut aussi entraîner une gêne fonctionnelle, avec l’apparition de reflux acides surtout au cours des premiers mois.
Les médicaments pour la digestion ne sont pas anodins
Lorsque les troubles digestifs sont persistants, une consultation avec son médecin est nécessaire pour comprendre les causes et trouver des solutions durables. Les conseils hygiéno-diététiques sont indispensables en cas de dyspepsie pour réduire les symptômes et contenir la prise de médicaments. En effet, informe le Docteur Jean-Michel Morel, les médicaments classiques sont à prendre avec précaution. Ils peuvent induire des effets indésirables si leurs précautions d’emploi ne sont pas respectées, ou en cas de prise au long court. Par exemple les IPP (Inhibiteurs de la pompe à Protons), dont le but est d’éliminer l’acidité gastrique, peuvent générer des infections intestinales, des malabsorptions (vit B12, fer, calcium), des troubles rénaux, un effet rebond à l’arrêt…
Des conseils approuvés pour éviter l’inconfort digestif
Alléger ses repas
Flora, 43 ans : « Pendant des années, peut-être par mimétisme, je mangeais autant que mon mari et mes enfants. Très souvent, je finissais mes repas avec une sensation de lourdeur au niveau de l’estomac, des ballonnements, et parfois même des nausées. Un jour, sur le conseil de ma pharmacienne, j’ai commencé à m’autoriser à manger différemment. En quelques jours à peine, j’ai senti une vraie différence. Je digère mieux et je me sens plus en forme. Finalement, chacun a ses propres besoins qu’il doit apprendre à repérer et respecter. Depuis, d’ailleurs, je suis beaucoup plus souple avec le traditionnel : finis ton assiette ! »
Manger sans distraction
Sacha, 65 ans : « Quand je travaillais, je mangeais systématiquement devant mon téléphone pour prendre connaissance de mes mails et gagner du temps. Je ne faisais pas attention à ce que j’avalais et surtout je mangeais à toute allure. Ma santé digestive passait toujours au second plan… Depuis que je suis à la retraite, je prends mes repas loin du téléphone, en me concentrant sur les saveurs et la mastication. C’est indéniable, je mange moins et je me sens rassasiée plus rapidement. Mes symptômes digestifs, notamment les ballonnements et les reflux, ont nettement diminué. Et je suis satisfaite de ne pas avoir besoin de prendre de traitement pour cela. »
Limiter ce qui est irritant
Nicolas, 47 ans : « Longtemps j’ai eu la mauvaise habitude de faire la pause, une cigarette dans une main et une cannette dans l’autre ! Des douleurs à l’estomac et des reflux sont apparus et sont devenus de plus en fréquents. Même les médicaments n’étaient plus toujours efficaces. Mon médecin m’a demandé de passer quelques examens, et m’a surtout encouragé à reprendre ma santé en main. J’ai remplacé les sodas par des infusions (que je prépare chez moi et prends dans un thermos), et je limite le café à deux tasses le matin, ce qui aide aussi à réduire l’envie de fumer. Depuis, mes douleurs digestives se sont espacées, et je n’ai plus besoin de mon traitement à base d’antiacides. »
Apprendre à mieux gérer le stress
Coralie, 29 ans : « Avant je ne faisais pas fait le lien entre mon stress et mes douleurs abdominales. J’avais souvent mal au ventre sans raison apparente. En commençant la sophrologie et en pratiquant des exercices de respiration dans la journée, j’ai appris à mieux gérer les coups de pression et les contrariétés. Tout n’a pas disparu, mais mes crises digestives sont beaucoup moins fréquentes et surtout, j’ai enfin un outil pour atténuer mes symptômes de dyspepsie.»
Consulter si l’inconfort digestif persiste
Monique, 68 ans : « Pendant longtemps, j’ai cru que c’était normal d’avoir mal au ventre après les repas, alors je ne me suis pas inquiétée et je ne me suis pas posé de questions au sujet d’une éventuelle maladie. Mais quand les symptômes ont commencé à devenir trop fréquents, j’ai décidé de consulter mon médecin. Les examens, dont l’endoscopie, m’ont rassurée, et mon pharmacien m’a recommandé comme traitement des plantes pour ne pas abuser des médicaments conventionnels. La Mélisse en association avec d’autres plantes digestives amène un délassement physique et mental certain, je l’ai complètement adoptée !»
Des plantes bénéfiques pour soulager les troubles digestifs
Les plantes médicinales sont nombreuses dans le domaine de la digestion. Sous la forme d’extraits concentrés en gélules, l’Artichaut et le Boldo agissent sur la fonction hépato-biliaire, notamment en cas de digestion difficile. Le charbon végétal dit « activé » limite les ballonnements. D’autres plantes telles que l’Angélique, la Camomille matricaire et la Mélisse jouent un rôle précieux dans la prise en charge de la dyspepsie fonctionnelle. En aromathérapie, certaines huiles essentielles comme la Menthe poivrée et le Carvi favorisent l’équilibre de la flore intestinale tandis que l’huile essentielle de zestes de Citron agit sur la fonction digestive en général. N’hésitez pas à demander conseil à votre pharmacien pour une prise en charge adaptée.
Sources :
https://www.hug.ch/sites/interhug/files/2022-09/strategie_dyspepsie_final.pdf
https://www.cnp-hge.fr/la-dyspepsie-fonctionnelle/