Qu’appelle-t-on « digestion difficile »
Le Docteur Maryline Salvetat, médecin généraliste, rappelle qu’une digestion difficile est appelée « dyspepsie » dans le jargon médical et se traduit par divers troubles digestifs situés au niveau de l’estomac et de l’intestin grêle. En consultation, les patients se plaignent par exemple d’une sensation gênante de plénitude de l'estomac après le repas, d’une satiété précoce avec une incapacité à finir un repas de taille normale, de douleurs ou de brûlures au creux de l’estomac. À cela s’associent parfois d’autres symptômes : des ballonnements, des nausées, des éructations, des hoquets… Dans les deux tiers des cas, on ne trouve pas de cause spécifique ; la dyspepsie est alors dite « fonctionnelle ». La dyspepsie fonctionnelle entraîne une altération du bien-être quotidien, un impact psychologique, social et professionnel non négligeable.
Pourquoi la digestion peut être perturbée
Lorsque l'on écarte les maladies d’origine gastrique, une digestion laborieuse peut souvent mettre en cause des comportements alimentaires inadaptés : repas trop riches, portions excessives, aliments gras ou irritants, repas « sur le pouce » et mastication insuffisante, consommation abusive d’alcool, de boissons gazeuses ou de café. Par ailleurs, explique le Docteur Maryline Salvetat, des facteurs psychologiques, notamment le stress et l’anxiété, jouent un rôle important dans l’apparition ou la persistance de troubles digestifs (ballonnements, aigreur d’estomac, troubles du transit…). D’autres éléments comme le surpoids ou le tabagisme accentuent aussi ces difficultés. Certains traitements médicamenteux peuvent également perturber la digestion, qu’il s’agisse de médicaments anti-inflammatoires, d’antibiotiques, de médicaments contre le reflux, l’ostéoporose ou pour traiter les troubles érectiles. Enfin, chez les femmes enceintes, la digestion tend naturellement à se ralentir, ce qui peut engendrer des perturbations du transit, une sensation de lourdeur ou d’inconfort sur le plan digestif.
Adapter son alimentation pour améliorer sa digestion
Si on trouve parmi les recettes de grand-mères une multitude de conseils, allant du bicarbonate alimentaire, au citron ou au vinaigre pour corriger l’acidité… mieux vaut déjà corriger son alimentation ! En effet, manger léger, varié, sain, le moins industrialisé possible, et si possible bio ou local, favorise tous les champs de la santé en commençant par le système digestif.
- En cas de reflux gastro-œsophagien : il est préférable, conseille le Docteur Maryline Salvetat, de fractionner les repas et les boissons tout au long de la journée et de favoriser les cuissons légères : préparation rôtie, bouillie, en papillote… Mais aussi de rester en position demi-assise après l’ingestion des aliments et d’attendre au moins 2 ou 3 heures avant de s’allonger (si possible avec la tête surélevée).
- Dans le cadre du syndrome de l’intestin irritable : il peut être utile de retirer temporairement le lactose de son alimentation afin d’observer une éventuelle amélioration des troubles digestifs. Une autre approche consiste à réduire la consommation d’aliments riches en fibres fermentescibles. Ce type de régime, dit pauvre en FODMAPs*, est particulièrement contraignant et nécessite un suivi rigoureux. Il est préférable, donc, de se faire accompagner par un(e) diététicien(ne).
Prendre des plantes pour mieux digérer
Les plantes sont nombreuses à pouvoir renforcer la santé digestive et soulager les troubles, soutient le Docteur Jean-Michel Morel, médecin généraliste, spécialiste en aromathérapie et en phytothérapie. Aidé de son médecin ou de son pharmacien, il faut les choisir en fonction de leurs propriétés à exploiter, et si possible sous la forme de compléments alimentaires contenant des extraits secs concentrés de plantes. Par exemple la racine de Gentiane est une plante traditionnellement utilisée pour activer les sécrétions digestives, surtout au niveau de l’estomac, et qui, à la fois, favorise l’appétit et la vidange gastrique. La Camomille noble et la Camomille matricaire sont anti-ulcéreuses ; le Plantain limite le reflux gastrique ; l’Artichaut, le Pissenlit et le Boldo agissent sur la fonction hépato-biliaire ; les racines de Chicorée ont des propriétés prébiotiques ; les graines de Psyllium et de Lin ont des propriétés laxatives douces, sans inconvénient… Certaines huiles essentielles peuvent également être intéressantes. Bien connue, l’huile essentielle de Menthe poivrée, en application locale sur la région de l’estomac (quelques gouttes d’huile essentielle diluées dans une huile végétale neutre), aide à faciliter la digestion et à soulager les nausées (attention, pas chez l’enfant de moins de 6 ans).
Aller mieux dans sa tête pour aller mieux dans son ventre
Douleurs abdominales, constipation ou diarrhée peuvent être influencées par des facteurs psychologiques, notamment le stress, insiste Maryline Salvetat, médecin généraliste. Par exemple une envie pressante d’aller aux toilettes ou des douleurs abdominales sont fréquentes avant un examen. L’hormone du stress, le cortisol, modifie le fonctionnement du système nerveux intestinal, perturbant l’activité des muscles intestinaux et le transit. De plus, le stress chronique impacte négativement la composition du microbiote, entraînant parfois une inflammation et une digestion difficile. Il ne faut pas oublier que l’intestin joue un rôle majeur dans la régulation de notre humeur : il produit une grande part de nos neurotransmetteurs, dont la sérotonine, essentielle à notre bien-être mental. On estime d’ailleurs que près de 95 % de cette « hormone du bonheur » est fabriquée dans notre intestin, justifiant pleinement son surnom de « deuxième cerveau ». Dans les périodes de stress, pour limiter les effets sur la digestion, il est conseillé de renforcer toutes les pratiques de gestion du stress (relaxation, sophrologie, yoga…). Et s’il est nécessaire de prendre un traitement en complément, en première intention mieux vaut se tourner vers des plantes anti-stress. N’hésitez pas à demander conseil à votre médecin ou votre pharmacien.
*FODMAPs = Fermentescibles Oligosaccharides Disacchararides Monosaccharides And Polyols. Sucres naturellement peu digérés qui fermentent au contact des bactéries du côlon, et ingérés en excès, ou chez des personnes sensibles, provoquent des ballonnements intestinaux, responsables de douleurs et de gaz.
Sources :
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/dyspepsie-mauvaise-digestion/definition-causes-symptomes-dyspepsie
https://www.vidal.fr/maladies/estomac-intestins/digestion-difficile/causes.html
https://www.hug.ch/sites/interhug/files/2022-09/strategie_dyspepsie_final.pdf
https://www.cregg.org/espace-patients/videos-troubles-digestifs/ballonnements-flatulences-comprendre-et-soulager-ces-troubles/
https://www.vidal.fr/maladies/recommandations/syndrome-de-l-intestin-irritable-2499.html#la-maladie-0
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36447978/
https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC6341159/
https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC8747064/
https://www.inserm.fr/actualite/comment-le-stress-psychologique-provoque-t-il-des-troubles-digestifs/
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