Stress, comment faire baisser la pression

Quand nous n’avons pas la liberté d’agir sur les causes du stress, nous avons au moins le pouvoir de réduire ses effets. Et c’est déjà beaucoup, nous assure le Docteur Chapelle. Faciles à adopter, les clés qu’il nous donne s’appliquent dans toutes les circonstances de la vie.
 

Hygiène de vie : prévenir les tensions au quotidien

Naturactive : – La nature a «inventé» le stress pour nous permettre de réagir à une situation de danger. À quel moment le stress devient-il anormal ?
Dr Chapelle : – Nous sommes organisés pour nous adapter à une situation stressante par des réactions biologiques, physiologiques, cognitives et comportementales. Dès lors que le stress devient excessif par son intensité et/ou par sa durée, nos capacités d’adaptation sont dépassées. On voit alors apparaître des symptômes physiques (blocages musculaires, troubles digestifs…), des attitudes et des comportements inadaptés (ruminations anxieuses, troubles de la concentration, crises de colère, agressivité…). Le stress n’est pas une maladie, mais il est capable d’en déclencher, notamment sur le plan cardio-vasculaire.

– Vous préconisez de diminuer l’impact du stress, en intervenant à plusieurs niveaux. Et vous dites que j’ai la possibilité d’agir, dans ma vie quotidienne ?
– Absolument. Vous pouvez intervenir sur un ensemble d’éléments qui auront pour effet de modérer vos réactions au stress. Et indirectement, vous pouvez éviter de vous ajouter du stress.

– En premier lieu dans mes choix alimentaires ?
– Oui, c’est important d’avoir une alimentation adaptée et équilibrée, à base de sucres lents, de fibres, de poissons... Ainsi vous avez l’énergie nécessaire dans la journée, sans chute de tonus ni somnolence. Vous maintenez votre forme et vous échappez aux problèmes de surcharge pondérale.

Votre intérêt est aussi de réduire la consommation d’excitants. L’alcool risque de nuire à votre travail et de troubler votre sommeil. L’abus de café est très nocif. Je vois des patients qui boivent 7 à 8 expressos par jour et qui souffrent de nervosité et d’anxiété.

– Mais la pause café est souvent une occasion de détente…
– Dans ce cas, prenez plutôt un café allongé, ou mieux encore, du décaféiné.

– Considérez-vous le sommeil comme un modérateur de stress ?
– Oui, la qualité du sommeil est importante à préserver. Le point capital est d’observer des heures de lever et de coucher régulières. Car si vous êtes en décalage avec vos rythmes physiologiques, vous perturbez votre horloge interne, et de ce fait vous créez du stress. Suivez les conseils des spécialistes du sommeil.

– On sait que l’exercice physique régulier a des effets directs sur le stress.
– Oui, l’organisme en a besoin pour décharger les tensions accumulées. Une activité soutenue libère des endorphines, les hormones du bien-être. La pratique d’un sport vous aide à évacuer vos soucis et vous met dans un rapport social gratifiant avec des partenaires ou des amis.

– Les relations amicales et sociales contribuent aussi à faire baisser la tension ?
– Oui, j’estime nécessaire d’entretenir des relations de qualité. Le simple fait de savoir que vous pouvez compter sur votre réseau relationnel est rassurant. De plus, les rencontres et les échanges vous évitent de vous enfermer dans des mécanismes de pensée inadaptés.

– Un dernier conseil pour diminuer l’impact du stress ?
– Développez vos sources de plaisir. Trouvez-vous un hobby, voire une passion. Vous disposerez ainsi d’une ouverture pour échapper au seul domaine professionnel ou domestique.
 

Hygiène mentale : faire le calme dans sa tête

Naturactive : – Vous mettez en garde contre les mécanismes de pensée générateurs de stress. Comment les repérer ?
Dr Chapelle :
– Face à une situation inattendue qui vous met en cause, votre réaction est d’abord émotionnelle : rougeurs, battements de cœur, sueurs, mal-être général… Très vite les pensées s’enclenchent et vous commencez à interpréter la situation. Et ces pensées influencent votre comportement : au lieu de faire face calmement, vous réagissez par la fuite ou par l’agressivité.

– C’est l’interprétation négative de la situation qui crée le problème ?
– Un exemple : votre supérieur vous confie tout-à-coup un dossier important auquel vous n’êtes pas préparé. Vous le prenez sans rien dire mais les questions se bousculent dans votre tête : pourquoi moi ? Pourquoi pas mon collègue ? Et si je n’y arrive pas ? Ces pensées inadaptées vous conduisent à de fausses interprétations : c’est un piège, mon chef veut me mettre en difficulté, d’ailleurs je ne m’en sortirai pas, c’est sûr ! Ces mécanismes, qui peuvent être liés à une recherche de perfection, sont à l’origine d’émotions paralysantes.

– Comment échapper à cet engrenage ?
– Posez-vous et respirez à fond. Revenez à une analyse objective de la situation, si nécessaire avec l’aide d’un collègue ou d’un ami. Peu à peu, vous allez apprendre à repérer les idées négatives avant qu’elles ne s’installent. En pratiquant des techniques d’affirmation de soi, vous pouvez apprendre à vous faire entendre, à collaborer sur un pied d’égalité et à gérer les conflits. Ceci dans la vie personnelle comme dans la vie professionnelle.