Comment lutter contre l’eau en trop

Phénomène complexe, la rétention d'eau peut faire varier notre poids de plusieurs kilos !

Phénomène complexe, la rétention d'eau peut faire varier notre poids de plusieurs kilos ! De plus, cette eau en excès est une des composantes de la cellulite. D'où vient-elle ? Et que peut-on faire pour la chasser ? Explications et solutions.
Entretien avec le Dr Blanchemaison, phlébologue et auteur de plusieurs ouvrages, dont «Vaincre la cellulite» (Albin Michel, 2004).

Naturactive : - Vous rappelez dans votre livre que l'eau tient une place essentielle dans notre corps.
Dr Blanchemaison : – Oui, on sait que l'organisme humain est composé d'eau à 63 %. Si vous pesez 55 kg, votre corps en contient plus de 30 litres ! Chaque jour, environ 8 litres d'eau sont utilisés pour laver nos cellules. Ce phénomène naturel est assuré par la microcirculation grâce au plasma sanguin, composé de 80% d'eau.

– Comment circule cette grande quantité d'eau ?
– L'eau véhiculée par le plasma filtre au travers des parois des micro-vaisseaux sanguins et va baigner nos cellules. Puis elle est entièrement réabsorbée par les capillaires veineux et lymphatiques. Normalement, l'équilibre est parfait ! Mais il arrive que la réabsorption ne soit pas complète. Il y a davantage d'eau filtrée hors des capillaires. Ce déséquilibre est à l'origine de ce que l'on appelle la rétention d'eau.

– D'où vient ce déséquilibre ?
– Plusieurs causes sont possibles. La première est la mauvaise circulation veineuse : si le retour du sang ne se fait pas bien, l'eau n'est pas réabsorbée par les vaisseaux. Une partie est prise en charge par les vaisseaux lymphatiques, mais ceux-ci peuvent être débordés à leur tour.
Chez les femmes, il existe aussi une cause hormonale. En effet, c'est l'équilibre entre œstrogènes et progestérone qui conditionne la perméabilité des capillaires. S'il y a excès d'œstrogènes par rapport à la progestérone, la paroi des capillaires va laisser passer plus d'eau. C'est la situation la plus fréquente, notamment avant les règles, pendant la grossesse, ou en cas de traitement hormonal mal équilibré – contraception ou traitement substitutif de la ménopause.
Pour mémoire, les cas graves de rétention d'eau peuvent avoir pour origine une réaction inflammatoire, ou encore une maladie touchant la circulation lymphatique ou l'élimination rénale.

– Comment se manifeste la rétention d'eau ?
– Invisible à l'échelle de nos cellules, le phénomène finit par entraîner la formation d'œdème. Vous le voyez à vos paupières gonflées, vos doigts boudinés… Sur les jambes, les chaussettes laissent des empreintes caractéristiques.

– Quel est son rôle dans la prise de poids ?
– La rétention d'eau est souvent liée à la présence de cellulite ; c'est ce que l'on appelle une cellulite aqueuse. Les femmes sont facilement congestionnées et surtout, elles ont tendance à gonfler, depuis les chevilles jusqu'à la taille, en particulier avant les règles. La variation de poids peut atteindre 2 kg en quelques jours, voire plus !

– Pour combattre ce problème chronique, quelle place faites-vous à la phytothérapie ?
– Les plantes interviennent à plusieurs niveaux. Bon nombre de plantes agissent sur le retour veineux et sur la perméabilité des vaisseaux. D'autres favorisent le drainage de l'organisme. Leur mode d'action est lent.

– Existe-t-il d'autres moyens de lutter contre la rétention d'eau ?
– La méthode la plus ancienne est le drainage lymphatique manuel. Les massages, pratiqués par un kinésithérapeute, ont pour but de stimuler le pompage. Mais son effet est peu durable. Je conseille plutôt l'aquadrainage, car c'est une méthode active qui renforce le système musculaire, de même que la bicyclette aquatique. Pour maintenir le résultat au niveau des jambes, il est toujours bon de mettre en place une contention, comme des bas à compression élastique.

– Vos conseils sur le plan alimentaire ?
– Certains nutriments protègent et/ou renforcent les parois des capillaires. Pour la formation du collagène, dont le rôle est important, il faut notamment un bon apport de vitamine C et de protéines complètes (poisson, viande rouge, volaille, fruits de mer…). Pour nourrir la membrane des cellules, préférez les graisses crues plutôt que cuites et privilégiez les acides gras polyinsaturés, de type oméga 3. Enfin attention aux additifs : les peptides du jambon, par exemple, favorisent la rétention d'eau chez les personnes qui y sont sensibles. N'utilisez les aliments industriels qu'à titre de dépannage. Rien ne vaut les produits frais !