La vision nocturne, un mécanisme complexe… et fragile

La nuit, nos yeux fonctionnent différemment et nous renseignent moins bien sur notre environnement.

La nuit, nos yeux fonctionnent différemment et nous renseignent moins bien sur notre environnement. Les difficultés augmentent avec la fatigue… et avec l’âge ! Un phénomène dont le danger est sous-estimé, estime le Professeur Chevaleraud.

Naturactive : – Le mécanisme de la vision est-il différent selon qu’il fait jour ou qu’il fait nuit ?
Pr Chevaleraud : – En fait, l’œil humain fonctionne à trois niveaux. Entre la vision diurne, que nous appelons “ photopique ”, et la vision nocturne, dite “ scotopique ”, il existe une phase intermédiaire, appelée vision “ mésopique ”.

 – Pourquoi ces trois niveaux de vision ?
– Notre rétine contient deux sortes de photorécepteurs, les cônes et les bâtonnets. Les cônes recueillent l’information pendant le jour. Ils sont concentrés dans la partie centrale de la rétine (la macula), qui assure l’acuité visuelle maximale et la vision des couleurs. Des cônes sont aussi disséminés jusqu’au pourtour de la rétine, ce qui permet de percevoir un message coloré en périphérie. Les bâtonnets sont le support de la vision de nuit, car ils sont sensibles à une faible intensité lumineuse – quelques photons suffisent à les activer. Nous percevons alors les différences de niveau lumineux, mais nous n’avons plus la vision colorée ni l’acuité visuelle.

– Nous distinguons mal « entre chien et loup », pour quelles raisons ?
– Quand la lumière faiblit, les cônes fonctionnent moins bien, tandis que les bâtonnets ne sont pas encore efficients. L’acuité visuelle diminue de 1 à 3 dixièmes, et le champ visuel est rétréci ; de surcroît, le contraste n’est plus perçu – donc nous voyons mal les obstacles.

– La nuit, d’autres phénomènes contribuent à diminuer nos performances visuelles ?
– Oui, notamment la myopie nocturne, due au fait que notre pupille s’élargit et que le cristallin accommode moins bien. Notez que les défauts de vue non corrigés sont accentués ; les personnes dans ce cas devraient absolument porter des lunettes pour conduire.

– La difficulté s’amplifie avec l’âge, bien sûr ?
– Oui, l’œil met plus de temps pour accommoder, la pupille est plus lente à réagir. Les performances sont moins bonnes aussi au niveau de l’organe central de la vision, qui est le cerveau. Le cortex met plus de temps pour décoder l’information fournie par la rétine et interpréter le message.

– Sur route, le problème peut être accentué par les conditions de conduite.
– Chacun sait que la prise d’alcool allonge dangereusement la réponse psychosensorielle.
On sait moins qu’une glycémie trop basse est préjudiciable à la vision nocturne ; il convient de se ravitailler correctement. Mieux vaut éviter de fumer, car la baisse du taux d’oxygène dans le sang diminue l’acuité visuelle. La fatigue, liée au manque de sommeil, intervient également au niveau du cerveau.

– Certains conducteurs sont très sensibles au phénomène d’éblouissement.
– Lorsque nos yeux sont adaptés à une ambiance, toute perturbation rapide crée une gêne visuelle. La récupération va être plus ou moins longue, selon l’âge et la qualité de la vue. Il s’ensuit un effet de trou noir très effrayant.
 
– Le défaut de vision nocturne peut constituer une gêne, voire un handicap ?
– Oui, chez les personnes qui travaillent en milieu à faible éclairement, par exemple. Le problème sera éventuellement confirmé par un examen tel que l’adaptométrie. Il existe alors des possibilités d’amélioration par un entraînement spécial. Tous ces phénomènes ont été bien étudiés en aéronautique pendant la Seconde Guerre mondiale.
 

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